26-11-2023, 11:36
(Modification du message : 26-11-2023, 11:37 par Bernard LAVOLTE.)
Quel vol !...
Nouvelle alerte pour ce mercredi 22 novembre, les prévisions de Météo France annoncent un flux de Nord s’orientant légèrement Nord Est, homogène sur le France et l’Espagne, ce qui est relativement rare... Gil Souviron, toujours dans les starting-blocks, estime que c’est l’occasion rêvée d’aboutir sur un projet étudié de longue date, un double aller-retour sur les Pyrénées suivi d’une descente, vent dans le dos, vers le Sud-Ouest de l’Espagne. Mardi soir 18h le plan de vol est déposé auprès du contrôle aérien français pour un vol : Perpignan - Ochegavia - Cerbère- Ochegavia et Badajoz, soit 1678 km ce qui pourrait être un nouveau record d'Europe en « 3 points ».
Mercredi, lever 5 heures, arrivée au terrain pour 6 heures avec, nouveauté, les « bagages » pour un découché à plus de 900 kms, à vol d’oiseau, de Perpignan.
Comme l’autorise la réglementation, mise en route avant 7h20 (jour aéronautique à 7h17) pour un décollage piste 31, de la bretelle « Tango », afin d’éviter le roulage vent arrière, par un vent très fort à 7h27. Gil est aux manettes sur son superbe motoplaneur F-CJSG que nombre de nos copains et nos familles vont suivre, toute la journée, sur Flight radar... Coupure du moteur à 2500 mètres, quasiment à la verticale de Prades où nous atteindrons un peu plus de 5000 mètres pour un départ vers l’Ouest à 8h15. Première « alerte », la traversée de la Cerdagne se sera faite au-dessus d’une couche nuageuse très homogène nous laissant tout juste apercevoir, dans quelques petites trouées, les premières neiges tombées sur le plateau. Dans un rush « supersonique », il faut voler vite si nous voulons boucler le circuit, c’est à un peu plus de 10 heures du matin que nous franchirons le premier point de virage quelques kilomètres à l’Est de Pampelune. 174 km/h sur cette première branche, la légère composante « vent arrière » nous aura mise dans les temps et au bon rythme ! Retour toujours très dynamique avec des ascendances s’améliorant jusqu’à La Seu des Urgell où, à un peu plus de 4000 mètres, nous tombons sur un mur de nuages qui nous barre définitivement la route vers la Méditerranée et Cerbère. C’est fini pour le record, demi-tour vers Pampelune et des décisions à prendre... Il n’est pas encore midi, à part cette humidité un peu inattendue sur l’Ariège et la Cerdagne, les prévisions sont conformes, nous avons tout mis en œuvre pour aller « défricher » ce trajet inédit passant par un contournement Ouest de Madrid. C'’est donc sans le moindre débat, à l’unanimité de nos deux voix, que nous décidons de poursuivre l’aventure... A 12h54, passé Canfranc, nous « tournons à gauche » pour prendre le « cap de l’inconnu » vers Badajoz situé à 650 kms. Les prévisions « mailles fines » de Météo France nous prédisent une ascendance intéressante à la montagne « Moncayo » à l’Ouest de Saragosse. Nous y arriverons à 3900 mètres pour la quitter à 5500 mètres. Cet « arrêt buffet » nous aura permis d’affiner notre stratégie pour le vrai sujet à venir, le contournement de la « TMA de Madrid, classée A » qui, pour les non invités, représente un pavé de 200 kms de côté protégeant, pour l’aviation commerciale, toutes les arrivées et départs de l’aérodrome de Madrid, strictement impénétrable à nos aéronefs sous peine de très grave infraction... Nous glisserons donc sur 100 kms, vers l’Ouest, vers la Sierra de Urbion pour nous positionner par rapport à ce contournement. L’ascendance est au rendez-vous et avec un peu de culot nous demandons aux contrôleurs Madrilènes la possibilité de dépasser le FL 195, limite d’altitude accordée à nos machines (6000 m environ) pour le FL 215 qui nous donnerait un peu de confort pour la suite... A notre surprise, accord immédiat d’un contrôleur, probablement étonné de trouver, sur ses écrans radars, un planeur français à un tel endroit... C’est donc à plus de 6700 mètres, avec un petit matelas de sécurité, que nous remettons cap au Sud-Ouest... Cette impulsion supplémentaire sera largement consommée lors de la glissade, guidée par le calculateur de vol, suivi au millimétre, qui nous permettra de tutoyer, sans y pénétrer, la zone interdite. Plein Ouest de Madrid nous atteindrons les sierras des Gredos qui surplombent les plaines du Sud d’un tobogan de près de 2000 mètres. Ce dénivelé favorise l’ascendance et nous y trouvons notre meilleur « vario » de la journée. C’est un vario de + 4,5 m par seconde qui nous remontera de 3500m à 6000 m.
Nouvelle négociation avec le contrôle de Madrid, mais, cette fois, une douce voix féminine nous signifiera, avec fermeté, de ne pas dépasser le FL 195 et nous privera du petit matelas qui aurait pu nous ouvrir la glissade vers Faro, au Sud du Portugal... Nouvelle transition vers l’Ouest de la chaîne des Gredos pour un dernier 6000 m, puis début de la longue descente vers l'arrivée. Après le survol d’une plaine d’Extremadura étonnamment verte, nous atteignons Badajoz, à 2600 mètres d’altitude, il est 17h10, nous bouclons notre dixième heure de vol... La nuit aéronautique est à 18h37 (plus à l’Ouest et plus au Sud que Perpignan), il nous reste plus d’une heure de vol, nous pourrions aller plus au Sud, l’Atlantique n’était pas loin mais nous avions déposé un plan de vol pour Badajoz... C’est donc à la verticale de l’aéroport que nous aurons perdu notre altitude. Devant nous une piste de 2850 mètres où Gil aura réalisé un atterrissage impeccable, roulage au parking de l’aviation commerciale. Une équipe charmante, composée d’agents de trafic et de membres de la Gardia Civil est très surprise, voire dubitative, qu’un planeur ayant décollé de Perpignan vienne se poser chez eux, après un vol de 1412 Kms à quasiment 155 km/h de moyenne... Après les formalités administratives, juste le temps de replier les ailes de notre belle machine avant l’arrivée de l’ATR 42 de Madrid, et de refermer les pages d’une journée bien remplie... Merci à Gil avec qui « je partage ses délires » dixit, merci aux contrôleurs français et espagnols toujours coopératifs, merci aux copains, aux familles qui ont partagé cette « belle aventure ». Pas de record, ce n’est pas bien grave, mais de nouveaux horizons pour de grands vols encore jamais réalisés, la « faisabilité » est démontrée...
Mercredi soir il restait les plus de 900kms du voyage retour... Ce sera pour bientôt...
Nouvelle alerte pour ce mercredi 22 novembre, les prévisions de Météo France annoncent un flux de Nord s’orientant légèrement Nord Est, homogène sur le France et l’Espagne, ce qui est relativement rare... Gil Souviron, toujours dans les starting-blocks, estime que c’est l’occasion rêvée d’aboutir sur un projet étudié de longue date, un double aller-retour sur les Pyrénées suivi d’une descente, vent dans le dos, vers le Sud-Ouest de l’Espagne. Mardi soir 18h le plan de vol est déposé auprès du contrôle aérien français pour un vol : Perpignan - Ochegavia - Cerbère- Ochegavia et Badajoz, soit 1678 km ce qui pourrait être un nouveau record d'Europe en « 3 points ».
Mercredi, lever 5 heures, arrivée au terrain pour 6 heures avec, nouveauté, les « bagages » pour un découché à plus de 900 kms, à vol d’oiseau, de Perpignan.
Comme l’autorise la réglementation, mise en route avant 7h20 (jour aéronautique à 7h17) pour un décollage piste 31, de la bretelle « Tango », afin d’éviter le roulage vent arrière, par un vent très fort à 7h27. Gil est aux manettes sur son superbe motoplaneur F-CJSG que nombre de nos copains et nos familles vont suivre, toute la journée, sur Flight radar... Coupure du moteur à 2500 mètres, quasiment à la verticale de Prades où nous atteindrons un peu plus de 5000 mètres pour un départ vers l’Ouest à 8h15. Première « alerte », la traversée de la Cerdagne se sera faite au-dessus d’une couche nuageuse très homogène nous laissant tout juste apercevoir, dans quelques petites trouées, les premières neiges tombées sur le plateau. Dans un rush « supersonique », il faut voler vite si nous voulons boucler le circuit, c’est à un peu plus de 10 heures du matin que nous franchirons le premier point de virage quelques kilomètres à l’Est de Pampelune. 174 km/h sur cette première branche, la légère composante « vent arrière » nous aura mise dans les temps et au bon rythme ! Retour toujours très dynamique avec des ascendances s’améliorant jusqu’à La Seu des Urgell où, à un peu plus de 4000 mètres, nous tombons sur un mur de nuages qui nous barre définitivement la route vers la Méditerranée et Cerbère. C’est fini pour le record, demi-tour vers Pampelune et des décisions à prendre... Il n’est pas encore midi, à part cette humidité un peu inattendue sur l’Ariège et la Cerdagne, les prévisions sont conformes, nous avons tout mis en œuvre pour aller « défricher » ce trajet inédit passant par un contournement Ouest de Madrid. C'’est donc sans le moindre débat, à l’unanimité de nos deux voix, que nous décidons de poursuivre l’aventure... A 12h54, passé Canfranc, nous « tournons à gauche » pour prendre le « cap de l’inconnu » vers Badajoz situé à 650 kms. Les prévisions « mailles fines » de Météo France nous prédisent une ascendance intéressante à la montagne « Moncayo » à l’Ouest de Saragosse. Nous y arriverons à 3900 mètres pour la quitter à 5500 mètres. Cet « arrêt buffet » nous aura permis d’affiner notre stratégie pour le vrai sujet à venir, le contournement de la « TMA de Madrid, classée A » qui, pour les non invités, représente un pavé de 200 kms de côté protégeant, pour l’aviation commerciale, toutes les arrivées et départs de l’aérodrome de Madrid, strictement impénétrable à nos aéronefs sous peine de très grave infraction... Nous glisserons donc sur 100 kms, vers l’Ouest, vers la Sierra de Urbion pour nous positionner par rapport à ce contournement. L’ascendance est au rendez-vous et avec un peu de culot nous demandons aux contrôleurs Madrilènes la possibilité de dépasser le FL 195, limite d’altitude accordée à nos machines (6000 m environ) pour le FL 215 qui nous donnerait un peu de confort pour la suite... A notre surprise, accord immédiat d’un contrôleur, probablement étonné de trouver, sur ses écrans radars, un planeur français à un tel endroit... C’est donc à plus de 6700 mètres, avec un petit matelas de sécurité, que nous remettons cap au Sud-Ouest... Cette impulsion supplémentaire sera largement consommée lors de la glissade, guidée par le calculateur de vol, suivi au millimétre, qui nous permettra de tutoyer, sans y pénétrer, la zone interdite. Plein Ouest de Madrid nous atteindrons les sierras des Gredos qui surplombent les plaines du Sud d’un tobogan de près de 2000 mètres. Ce dénivelé favorise l’ascendance et nous y trouvons notre meilleur « vario » de la journée. C’est un vario de + 4,5 m par seconde qui nous remontera de 3500m à 6000 m.
Nouvelle négociation avec le contrôle de Madrid, mais, cette fois, une douce voix féminine nous signifiera, avec fermeté, de ne pas dépasser le FL 195 et nous privera du petit matelas qui aurait pu nous ouvrir la glissade vers Faro, au Sud du Portugal... Nouvelle transition vers l’Ouest de la chaîne des Gredos pour un dernier 6000 m, puis début de la longue descente vers l'arrivée. Après le survol d’une plaine d’Extremadura étonnamment verte, nous atteignons Badajoz, à 2600 mètres d’altitude, il est 17h10, nous bouclons notre dixième heure de vol... La nuit aéronautique est à 18h37 (plus à l’Ouest et plus au Sud que Perpignan), il nous reste plus d’une heure de vol, nous pourrions aller plus au Sud, l’Atlantique n’était pas loin mais nous avions déposé un plan de vol pour Badajoz... C’est donc à la verticale de l’aéroport que nous aurons perdu notre altitude. Devant nous une piste de 2850 mètres où Gil aura réalisé un atterrissage impeccable, roulage au parking de l’aviation commerciale. Une équipe charmante, composée d’agents de trafic et de membres de la Gardia Civil est très surprise, voire dubitative, qu’un planeur ayant décollé de Perpignan vienne se poser chez eux, après un vol de 1412 Kms à quasiment 155 km/h de moyenne... Après les formalités administratives, juste le temps de replier les ailes de notre belle machine avant l’arrivée de l’ATR 42 de Madrid, et de refermer les pages d’une journée bien remplie... Merci à Gil avec qui « je partage ses délires » dixit, merci aux contrôleurs français et espagnols toujours coopératifs, merci aux copains, aux familles qui ont partagé cette « belle aventure ». Pas de record, ce n’est pas bien grave, mais de nouveaux horizons pour de grands vols encore jamais réalisés, la « faisabilité » est démontrée...
Mercredi soir il restait les plus de 900kms du voyage retour... Ce sera pour bientôt...
Real pilots need no engine!